T I - Fasc 7 & 8

Tome I Tome II Tome III Tome IV Tome V Procédure de Cde

Remonter
Armée de volontaires
Obus Röchling
Tancrémont
Fléron Août 1914

 

Tome I - Fascicules 7 & 8 - Juillet-Décembre 1981

SOMMAIRE

Editorial

Informations générales

Vie du Centre, vie des Cercles Associés

Courrier des lecteurs

Revue bibliographique

En diversion&

P. VAUTE - Armée de volontaires ou armée permanente ? Un débat autour de la guerre hispano-américaine (1898)

P. TOUSSAINT - Essais de l'obus Röchling sur deux forts de la P.F.L.

P. STASSEN La défense du Fort de Tancrémont

C.L.H.A.M. Fléron au cSur de l'attaque brusquée de Liège en août 1914

EDITORIAL

De sérieux motifs, les contraintes budgétaires actuelles n'en sont pas les moins moindres, empêchent le Centre Liégeois d'Histoire et d'Archéologie Militaires de présenter l'exposition " LIEGE ET LE ROYAUME DES PAYS-BAS, UNE PLACE FORTE DANS UM ENSEMBLE FORTIFIE" qui avait été programmée pour ce printemps. Dès que seront levés les obstacles qui entravent sa route, le C.L.H.A.M. poursuivra ce projet...

Par ailleurs, de nouvelles structures, axées sur le bénévolat, sont actuellement mises en place pour pallier la suppression du cadre spécial temporaire dont les derniers représentants viennent de quitter le Centre.

Tributaire de cette situation, le bulletin du C.L.H.A.M. paraît avec beaucoup de retard. Bien que son aspect extérieur laisse à désirer (typographie ), son contenu est de qualité. L'effort entrepris à ce sujet sera poursuivi et tout sera mis en oeuvre pour revenir à une périodicité normale. Par ailleurs le C.L.H.A.M. compte sur une collaboration active de ses membres en leur demandant de faire parvenir à son secrétariat, soigneusement dactylographiées, les notes qu'ils comptent faire paraître dans le bulletin.

Seront d'autre part organisées des rencontres entre membres. Le mercredi après-midi (13.30 Hr à 17.00 Hr) a été réservé dans ce but. Au cours de ces réunions pourraient être mises au point l'organisation de conférences et de visites guidées. La gestion de la bibliothèque et du comptoir de cartes reste encore à définir... mais le service fonctionne en attendant que les amateurs se fassent connaître. Après une période de stagnation le C.L.H.A.M. est reparti de l'avant, il attend vos encouragements...

P.R.

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I. Informations générales.

1.  Herstal sous la révolution liégeoise de Pierre BARE.

Le présent bulletin contient un encart relatif au deuxième tome du remarquable ouvrage de vulgarisation écrit par Monsieur Pierre BARE, membre du C.L.H.A.M.

Le prix de souscription à cet ouvrage, paru en décembre 1961, reste valable en faveur des membres du C.L.H.A.M. jusqu'au 1 mai 1982. La commande peut-être faite directement chez l'auteur en indiquant le n° de la carte de membre du C.L.H.A.M.

2.  Accès au C.L.H.A.M.

Cet article nest pas repris car plus dactualité.

3.  Recrutement de bénévoles.

Cet article nest pas repris car plus dactualité.

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II - Vie du Centre et des Cercles Associés

1.  Assemblée Générale du 19 septembre 1981.

Après les mots de bienvenue du Président et le rapport du Trésorier, il est procédé à l'élection de deux nouveaux administrateurs en remplacement de Messieurs Libert et Nizet démissionnaires. Après hommage rendu à ces deux membres du C.L.H.A.M., que leurs occupations professionnelles ont empêché d'assister régulièrement aux travaux du Conseil, l'Assemblée proclame Messieurs Delbrassinne et Maréchal administrateurs. Le mandat laissé vacant par la démission de Monsieur Malengré n'a pas été attribué.

La partie académique de cette manifestation s'est concrétisée par deux conférences. L'une, ayant trait au fort de Tancrémont, constitue l'objet de l'article de Monsieur Stassen repris au. sommaire de ce bulletin, l'autre, prononcée par Monsieur de Hasque, de la Société Simon Stévin, a retracé la situation, en 1981,du Canal Anti-Tanks autour de la Position Fortifiée d'Anvers. Cette communication paraîtra dans un prochain bulletin.

La séance a été levée à 17.00 Hr.

2.  Echo du Conseil d Administration

Les membres du conseil se sont réunis le 14 septembre, le 26 octobre et le 2 décembre 1981.

Pour affermir la situation financière du C.L.H.A.M. il a été décidé de majorer le montant des cotisations demandées pour le prochain exercice. Celles-ci s'établissent comme suit:

Abonnements, membres adhérents: 300 frs

Membres associés:400 frs

Membres à titre collectif, associations, unités de l'armée, (deux exemplaires du bulletin) : 600 frs.

Le problème de la Chartreuse, qui reste un des points forts de l'exposition en chantier, devrait donner naissance à un groupe de travail visant au classement des vestiges de l'époque hollandaise. Contact a été pris avec Monsieur Gabriel de la Commission Royale des Monuments et des Sites. Par ailleurs, Monsieur Van Reybroeck, urbaniste à l'U.C.L. s'est déclaré intéressé par ce projet.

3.  Bilan de lexercice 1980-1981 établi au 30 juin 1981

ACTIF

PASSIF

Immobilisé:

Publications en stock

Matériel

Disponible :

   CGER

   Numéraire

 

83.555

5.385

 

7.706

700

Exigible:

Solde facture imprimeur

Facture E.R.M.

 

 

Solde créditeur

 

37.110

5.101

 

 

55.195

Total

97.406

Total

97.406

 

Etat des recettes:

 

 

Etat des dépenses :

Excédent des recettes sur les dépenses :

Cotisations

Publications

Divers

Suivant relevé

 

101.350

71.260

65.075

 

 

 

 

237.665

229.219

8.466

4.  Une véritable "chronique" de la Grande Guerre: la collection du Quotidien Excelsior confiée au C.L.H.A.M.

L'aimable initiative de Mademoiselle Huberts, du Comité international de Médecine et de Pharmacie militaires à l'Hôpital Militaire de Liège, a permis au C.L.H.A.M. d'entrer en possession d'une collection très intéressante: celle du quotidien français Excelsior. Elle-appartenait à Monsieur Chandelle, qui la confia à Mademoiselle Huberts (1).

Cette collection est remarquable pour deux raisons: d'abord par sa place dans l'histoire de la presse française, ensuite par la nature de la documentation qu'elle nous livre.

L'Excelsior (2), lancé le 16 novembre 1910, révolutionne la presse française (3). Pour la première fois, l'illustration photographique constitue l'élément essentiel d'information: les deux pages de jaquette sont entièrement illustrées, souvent de photos en pleine page. Parfois, les photos sont superposées et proposent un véritable "film" de l'événement. Suite à cette initiative, les autres quotidiens publieront également des illustrations (4), Mais l'Excelsior publie quant à lui de 25 à 30 clichés par numéro, insère des suppléments photographiques, propose des cartes, des croquis, des graphiques!

Le directeur, Pierre Lafitte, fait imprimer le journal sur les rotatives au Petit Parisien, rue d'Enghien à Paris.(5). Malgré une importante campagne d'affiches, il ne connaîtra pas une grande réussite commerciale et se stabilisera à plus ou moins 100.000 exemplaires. Son prix, assez cher pour l'époque (10 centimes), les difficultés d'impression (il doit être préparé 48 heures à l'avance!) constituent un certain handicap (6). Paul Dupuy rachète le quotidien en 1917 (7) et fonde une société de publications qui éditera Science et Vie, Omnia et Dimanche Illustré. Cette société, reprise par sa femme, est réorganisée en 1932. Excelsior est dirigé par Henri de Weindel depuis la fin de la guerre jusqu'à octobre 1938.

Dès 1924, une mise en page, plus nerveuse, avec titres qui ressortent et articles courts, assurent au quotidien une audience plus large. Sa ligne politique s'infléchit jusqu'à ce qu'il devienne un journal mondain de droite (8). Il cesse de paraître le 10 ou le 11 juin 1940 (9). En février 1955, l'on parle de la reparution de l'Echo de Paris, couplé avec Excelsior. Mais cela reste sans lendemain (10).

Cette collection permettra à tout qui s'intéresse à l'histoire de la première guerre mondiale de puiser dans cette relation quotidienne des événements une mine de renseignements et une documentation photographique de premier ordre pour l'époque (11). Il faudra faire la part des sentiments cocardiers exacerbés d'alors, mais ceux-là aussi appartiennent à l'histoire. Le lecteur trouvera ici l'inventaire précis de la collection dont dispose le C.L.H.A.M. (12).

Marc SUTTOR

(1)      Monsieur Chandelle est le père d'un milicien qui effectua son service à l'H.M. en 1972. Qu'il reçoive ici, tout comme Mademoiselle Huberts, l'expression de nos plus vifs remerciements. Retour au texte

(2)      Sous-titre: Journal Illustré Quotidien. "Le plus court croquis men dit plus long qu'un long rapport" (NAPOLEON), "qui ne se mouille pas. Retour au texte

(3)      Histoire générale de la presse française, ss. dir. C. BELLANGER, J, GODECHOT, P. GUIRAL et F. TERROU, t. III: De 1871 à 1940, Paris, P.U.F., 1972, pp. 97, 280. Retour au texte

(4)      Cinq à dix photographies par numéro, idem, p. 280. Retour au texte

(5)      Ibidem, p. 126. Retour au texte

(6)      Ibidem, p. 382. Retour au texte

(7)      Il se vend alors à 132.000 exemplaires, ibidem, pp. 383 et 428. Retour au texte

(8)      Ibidem, p. 516. Retour au texte

(9)      Ibidem, p. 322. Retour au texte

(10)    FAUCHER (J.-A.) et JACQUEMART (N.), Le Quatrième pouvoir. La presse française de 1830 à 1960, Paris, 1968, p. 211. Retour au texte

(11)    II comporte régulièrement des suppléments. Le samedi : "La guerre scientifique", le dimanche: "La guerre illustrée". Le 22 octobre 1918, le journal édite une carte en double page. Le 2 février 1919, il publie un "tableau simplifié des formalités à remplir pour être démobilisé". Le caractère "moderne" du journal s'affiche de manière fréquente et diverse. Retour au texte

(12)    Précisons que l'Excelsior n'est pas répertorié dans les collections de périodiques de l'Université de Liège et des Bibliothèques centrales de la ville de Liège. Notons enfin que le C.L.H.A.M. détient aussi quelques exemplaires de quotidiens et de périodiques de cette même époque. Retour au texte

Inventaire

1914

15, 17-31 Jul

1er (1), 3-5, 6-9. 11-31 Aou (2)

1er-30 Sep (3)

1er-31 Oct

16-30 Nov

1er-20, 22-31 Dec

1916

1er-31 Jan

1er-29 Fev

1er-31 Mar

1er-30 Avr

1er-16 Mai

16-30 Jun

2-31 Jul

17-31 Aou

1er-31 Oct

2-30 Nov

1er-31 Dec

1918

16-31 Jan

1er-23 Fev

1er-31 Mar

1er-15, 17, 20-30 Avr

1er-16, 16-19, 23-25 Mai

1er-30 Jun

1er-31 Jul

1er-31 Aou

1er-15 Sep

1er-31 Oct

1er-30 Nov

1er-31 Dec

1915

1er-31 Jan

1er-28 Fev

1er-11, 14-31 Mar

17-30 Avr

1er-31 Mai

1er-30 Jun

1er-31 Jul

1er-31 Aou

1er-30 Sep

1er-31 Oct

1er-30 Nov

1er-16 Dec

1917

1er-31 Jan

1er-14 (4), 15-28 Fev (5)

1er-31 Mar

1er-30 Avr

1er-15 Mai

1er-30 Jun

1er-31 Jul

1er-15 Aou

1er-30 Sep

1er-17, 29 et 30 Oct

 

1er-15, 17, 23, 25, 27, 29-30 Nov

1er-31 Dec (6)

1919 (7)

1er, 4-6, 10, 12, 14-15, 17-20, 22-28, 30-31 Jan

1er-9, 11-28 Fev

1er-4, 7-27 Mar

(1) Format 55 x 37 cm. (3 p.).

(2) Format depuis le 3 août : 37 x 20 cm. (16 p.).

(3) Numéros spéciaux: les préliminaires de la guerre (18 juin-2 août); la première quinzaine de la guerre (3-15 août); la deuxième quinzaine de la guerre (16-31 août). L'Excelsior publie en outre un numéro-bis le 20 septembre.

(4) Format: cfr n° 2.

(5) Format depuis le 15 février: 55 x 37 cm. (6 p.).

(6) L'Excelsior publie un numéro spécial pour la Noël.

(7) Format: 60 x 43 cm. (6 p.).

5   Fraternelle royale des garnisons des forts de Liège

Le 2 décembre 1981, en présence du Colonel BIDLOT, Commandant la Province de Liège, Monsieur GIROUARD, Président de la Fraternelle précitée, a confié au C.L.H.A.M. un lambeau du drapeau prélevé le 29 août 1914 par le Lieutenant S0LMITZ au fort de Fléron. Voir article ci-avant.

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III - Courrier des lecteurs

Néant.

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IV. Revue bibliographique

1.  Le C.L.H.A.M. a reçu les travaux ci-après:

-    Les Amis de la Citadelle. Comité Namurois 75, n° 5-7, 1981, 6 + 10 + 11 p.

-    Artémis n° 20-21, 1981, 9 + 4 p.

-    La Belgique militaire. Revue trimestrielle, n° 143-147, 1980-1981, Don de G. Herman.

-    Bulletin du Crédit Communal de Belgique, 35e année, n° 136, Bruxelles, 1981.

-    Bulletin d'information de la Société Royale d'Histoire et d'Archéologie de Tournai, 5e année, n° 3, juillet 1981, 31 p., Don de C. Dury.

-    Bulletin d' information de la Société Royale des Officiers Retraités, n° 169, 1981, 32 p., Don de G. Herman.

-    Bulletin "Le Vieux-Liège", n° 213, avril-juin 1981, pp. 33-60.

-    Ceux des forts de Liège, n° 3, 1981.

-    Chronique de la Société Royale "Le Vieux-Liège", n° 237 (t. III, n° 31), juillet-septembre 1981, pp. 245-54.

-    DETRO (J.), Dalhem-le-Comte", s. l. n. d., 394 p., Don de l'auteur.

-    EVRARD (E.), Physiologie du vol. Hygiène de l'aviateur. Guide pratique à l'usage du personnel navigant, Bruxelles, 1956, 223 p.

-    MAETERLINCK (M.), BUYSSE (C.) et DUMONT-WILDEN (L.), La Belgique en guerre, Paris, 1918, non paginé. Don de O. Massart (Chaudfontaine).

-    Mémo, n° 4-5, 1981, 42 + 47 p.

-    Rassemblement !, n° 1-3, 1981, 22 + 22 + 20 p.

-    Revue de l'Otan, n° 1-3, 1981, 33 + 33 + 33 p.

-    Société pour le progrès des études philologiques et historiques, réunions des 10/05/1980, 08/11/1980.

-    Table de matières thématique de la Revue belge d'histoire contemporaine (vol. I-X: 1969-1979), Gand, 1980, 16 p. Don-de C. Dury.

ainsi que, don de Monsieur J.-P. Maréchal (Xhendelesse):

-    une série de plans du "Canon de 75 G.P. de coupole", photographies, s. d. n. l.

-    Règlement sur le tir et lemploi du pistolet à grande puissance 9 mm (modèle 1934), Bruxelles, 1936, 16 p.

-    Table de tir de la Mi. Maxim Lourde et de la Mi. Hotchkiss tirant la cartouche mod 30, Bruxelles, 1935, 64 p.

et, pour compte rendu:

-    BRULET (R.), La fortification de Hauterecenne à Furfooz, in Publications d'histoire de l'Art et darchéologie de l'Université catholique de Louvain, XIII, Louvain-La-Neuve, 1978, 106 p.

-    CHEYNS-CONDE (M.), Métamorphose d'une forteresse médiévale. Le château de la Follie à Ecaussinnes d'Enghien, Louvain, 1976, 171 p.

-    CRUICKSHANK (C.), Déception in World War II, Oxford, 1981, 257 p.

-    GERIN (W.), Horatia Nelson, Oxford, 1981, 350 p.

-    Inventaire des archives de la marine, Sous-série B7 (pays étrangers - commerce - consulats) déposée aux Archives nationales, t. V et VI, Paris, 1979 et 1980, 587 et 599 p.

-    Sources de la géographie historique en Belgique. Actes du Colloque de Bruxelles (25-27/04/1979), Bruxelles, 1980, 549 p.

-    VERHAEGHE (F.), Archaeology. Natural Science and Technology: the European Situation, Strasbourg, 1981, 3 vol.

2   Le C.L.H.A.M. signale aussi:

-    HERBILLON (J.) l'es "botteresses" et la butte de Waterloo, in Bulletin Le Vieux Liège, n° 213, pp. 59-00.

-    RORIVE (J.-P.), Une pointure représentant la ville de Huy à la fin du XVIIe siècle, idem, pp. 38-51.

-    DIERKENS (A.), Inventaire des cartes, plans et registres divers (fin XIXe - début XXe siècle, Bruxelles, 1900, 55 p.

L'inventaire relève des plans de casernes, de fortifications, etc& provenant de la direction du Génie au Ministère de la Guerre et versés aux Archives Générales du Royaume en mai 1945.

On y trouve des "plans belges spécifiquement militaires, cartes et plans géographiques de la Belgique, pièces relatives à l'artillerie, documents concernant l'administration de larmée belge varia". Cette collection vient compléter une série analogue existant au Musée Royal de l'Armée. Le classement typologique des casernes (index rerum) propose: casernes (artillerie cavalerie, gendarmerie, grenadiers, infanterie), écoles, dépôts (d'infanterie) et magasins (de fourrage), forts et fortifications, hôpitaux, E.R.M. (à Bruxelles). Au total, il s'agit d'un instrument de travail extrêmement précieux dont le C.L.H.A.M. sera quotidiennement amené à se servir.

-    Actes du XLVe Congres de la Fédération des Cercles d'Archéologie et d'Histoire de Belgique et 1er Congrès de l'Association des Cercles francophones d'Histoire et d'Archéologie de Belgique, Comines (28-31 VIII 1980), t. II, 1981, 392 p.

Après le t. I, Résumé des communications, Comines, 1980, 536 p., voici le premier volume des Actes. Faut-il dire que la publication est rapide ? Assurément, puisque le tout sera terminé moins d'un an et demi après l'événement. C'est, déjà, une réussite. Rappelons que le C.L.H.A.M. était représenté à cette manifestation. Il y a lieu de s'en réjouir. On lira, en effet, pp. 30 et 31 (conclusions et motions du Congrès: satisfactions exprimées et souhaits et suggestions en faveur de la recherche, ses sources, son déroulement):

La section 8 (Histoire militaire) prend conscience d'un regain d'intérêt à légard de larchéologie militaire et estime que celle-ci mérite en effet de susciter les mêmes préoccupations que l'archéologie industrielle; elle requiert aussi des tâches d'inventaire et de sauvegarde du patrimoine existant (bâtiments, fortifications...), ainsi que de documentation (archives, cartes et plans...).

La même section se plaît à souligner combien, comme le montre l'exemple des travaux de creusement de tunnels à Mons, évoqué par des communications prononcées en son sein, la collaboration étroite entre historiens et ingénieurs responsables de chantiers s'avère bénéfique pour la récolte de données nouvelles, la constitution de collections photographiques et la sauvegarde de vestiges historiques (ici, des remparts urbains).

La section 8 (Histoire militaire) répercute l'appel lancé par le Centre Liégeois dhistoire et d'archéologie militaires (CLHAM) en faveur de la conservation du patrimoine militaire tant monumental qu'archivistique de la Belgique.

Voici à présent, quelques articles sur lesquels le C.L.H.A.M. se doit d'attirer l'attention:

-    CAHEN-DELHAYE (A.), Fouilles et publications récentes sur l'Age du Fer de Wallonie, pp. 55-70. Nombreuses références sur les fortifications.

-    CAHEN (D.) et VAN BERG (P.-L.), Nouvelles découvertes relatives au Néolithique ancien en Belgique, pp. 71-88.

-    DOYEN (J.-M.), La fortification romaine de la "Roche Sainte-Anne" à Nismes. (Viroinval province de Namur), pp. 269-280.

-    GAIER (C.), La mécanisation de l'industrie armurière belge à la fin du XIXe siècle: aspects techniques et humains, pp. 359.-368.

3   Ont été lus et commentés pour vous:

A PROPOS DES "SOUVENIRS DES TEMPS DE GUERRE'" DE JULES DESTREE

L'édition critique d'un inédit de Jules Destrée est forcément un événement. Le personnage même est de ceux qui ont le plus marqué l'évolution politique de la Belgique au XXe siècle. Beaucoup se réfèrent encore à lui aujourd'hui - souvent sans bien le connaître d'ailleurs...

A ceux-là, la lecture des Souvenirs des temps de guerre réservera plus d'une surprise (1).

Entre le Destrée de la Lettre au Roi et celui que nous fait découvrir M. Michel Dumoulin, le contraste est en effet total. Peu de temps séparent pourtant ces écrits: à peine deux ou trois années... mais quelles années !

D'abord, il y a eu le choc de 1914: la guerre, l'invasion de la Belgique qui se croyait bien à tort protégée, par les traités, les atrocités de l'occupation allemande, souvent exagérées il est vrai, mais non moins réelles pour autant.

Parmi les socialistes, attachés depuis leurs origines à l'idée "internationaliste", le débat est vif, âpre parfois. Nul ne croit plus à la "grève générale contre la guerre". Par contre, en Allemagne comme en France, des socialistes s'engagent et tombent "pour la grandeur du pays". L'idée de patrie semble annuler partout la notion internationale de classe ouvrière. Il en ira a fortiori de même en Belgique où le caractère défensif de la guerre à mener est difficilement contestable.

Destrée, comme beaucoup d'autres, plus que d'autres peut-être, est emporté par le souffle du patriotisme (après la guerre, on le retrouvera d'ailleurs auprès des partisans de la "Grande Belgique"). Plus question ici de séparation des Flamands et des Wallons: chaque page vibre aux accents de l'unité nationale. Les "politiciens", coupables de maintenir envers et contre tout leurs divisions et leurs chapelles, sont vivement pris à partie. En revanche, le roi Albert a droit à tous les éloges. Son discours au Parlement, le 4 août 1914, a vivement impressionné celui qui, peu de temps auparavant, avait entrepris de lui démontrer qu' "il n'y a pas de Belges". Les temps ont changé: "Grande minute d'émotion patriotique; tous les cSurs vibrent d'un même amour, d'une même résolution de sacrifice" (p. 64).

Et voici Destrée au service du Souverain, heureux d'avoir reçu de lui une mission à remplir: "Qui l'eût prévu ?..." (p. 98). II s'agit en l'occurrence d'aller en Italie, alors neutre, pour y faire une propagande en faveur de "la Belgique loyale" aux prises avec "la force brutale et barbare de l'Allemagne.

En même temps que Georges Lorand, représentant libéral de Virton, le député de Charleroi multiplie les conférences et les meetings dans les principales villes de la péninsule. Parmi ses coreligionnaires, le succès est des plus mitigés et l'hostilité parfois ouverte: L'Avanti, organe officiel du Parti socialiste italien, le représentera comme un des fils de la toile d'araignée que tisse la guerre en Europe (p. 177).

Par contre, le socialiste belge rencontre des nationalistes italiens "très sympathiques" (p. 164) et assiste avec plaisir à la dissidence de Mussolini, qui rompt avec le Parti socialiste et fonde le Popolo d'Italia pour faire campagne en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie. Destrée va voir le futur duce, qui prend fait et cause pour la Belgique, veut la guerre et "prononce ce mot "guerre" avec une sorte de mysticisme exalté" (p. 115). Quelle différence par rapport à ces socialistes italiens qui ruminent "des clichés désuets sur le capitalisme pour justifier une neutralité égoïste qui est la négation de toute générosité d'idéal"! (p. 112).

Pour Destrée, les événements ont démontré ce que "certaines conceptions toutes faites avaient d'inexact" (p. 100). L'idée même d' "Internationale" doit être revue: "Les événements actuels montrent la réalité des nationalités, et l'absurdité de la conception qu'il est indifférent pour un travailleur d'être exploité par un patron anglais, français ou allemand. Cela peut être grossièrement vrai pour les très pauvres, pour le chemineau étranger à toute civilisation. Ce n'est pas vrai pour la grande masse ouvrière. Dès lors, faut-il comme certains l'ont .cru trop simplistement chercher la suppression des frontières et des Etats-Unis d'Europe régis par une législation unique ? C'est chercher l'impossiblé, évidemment, mais cet impossible n'est même pas souhaitable. Uniformité, centralisation = despotisme et oppression. Donc entente entre les nations mais pour les nations, d'abord constitution solide" (pp. 115-116).

Comme on le voit, le manuscrit édité par M. Dumoulin est riche en idées et en informations, tant sur le socialisme aux prises avec le conflit mondial que sur les mécanismes et les modalités de la guerre "à boulets de papier", de la guerre psychologique dont les pays neutres sont le terrain de prédilection. Tant le prince de Bülow que le tout puissant Erzberger, responsable du Wölffs-Büro (le service de propagande à Berlin) tempêteront contre la présence de Lorand et Destrée en Italie.

Sur la personnalité même du député de Charleroi, bien des indications apparaissent également. Nature raffinée, aristocratique, aux goûts volontiers somptuaires, il se révèle difficile à contenter .quant au confort de sa chambre d'hôtel. Il rend compte de ses aventures féminines avec le même soin ou presque qu'il met à relater son action sur l'opinion publique italienne (pp. 164, 198). Il méprise Vandervelde (pp. 9Q-99)... et déteste les Juifs: "II est curieux que partout où passe Vandervelde, il y a un Juif ou une Juive pour lui faire la cour" (p. 212) (2).

Nous ne saurions bien évidemment reprendre ici tous les enseignements que peut apporter la lecture des Souvenirs des temps de guerre. Ceux-ci ont en tout cas le mérite de forcer le lecteur à reconsidérer bien des stéréotypes, bien des schémas politiques trop simples pour être adéquats à une réalité si souvent complexe, toujours nuancée.

Les textes qui servent de base à cette édition sont des notes prises par Destrée dans le feu de l'action, entre septembre 1914 et novembre 1915. M. Dumoulin les a par ailleurs confrontés avec un manuscrit plus tardif, rédigé par le député de Charleroi en 1929, en vue d'une publication qu'il abandonna pour des raisons inconnues. Là où des variantes et des compléments apparaissent, ils nous sont fournis en annexe. L'appareil critique est très riche et une bonne introduction fait le point de nos connaissances concernant la position de l'Italie - et aussi du Saint-Siège - face à la guerre mondiale et aux propagandes des belligérants.

PAUL VAUTE

(1)     Jules DESTRÉE, Souvenirs des temps de guerre, éd. Michel Dumoulin, Louvain-La-Neuve - Louvain, Bureau du Recueil Collège Erasme - Naumelaerts (Universités de Louvain, Recueil de Travaux et d'Histoire et de Philologie, 6e série, fasc. 19), 1980, xvi-312 pp. Retour au texte

(2)     En 1898, Destrée se prononça contre Dreyfus (cfr. ses articles publiés par le Peuple, 29 janvier et 12 février 1898). Retour au texte

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LE BAILLY DE TILLEGHEM (S.)

Tournai et le Tournaisis en gravures, in Coll. "Villes en gravures", Liège, 1981, 135 p.

L'idée était en soi excellente: consacrer une collection aux "Villes de Wallonie en gravures" semblait combler une lacune. II y a loin malheureusement du beau programme à sa réalisation concrète. Le tout manque singulièrement de rigueur. Dans l'intitulé puisqu'on va jusqu'à envisager des régions, qu'on méconnaît, la signification du mot "gravure"... Puis, parce qu'une entreprise commerciale sembarrasse peu du fini, c'est-à-dire du choix judicieux des motifs, d'un commentaire qui dépasserait la simple glose pour déboucher sur l'intérêt intrinsèque (qui n'a rien à voir avec l'esthétisme) des documents. Nous sommes donc déçus par le volume qui paraît aujourd'hui sur Tournai.

On l'a dit, et il s'en défend (pp. 11-12), l'auteur n'est pas seul responsable du fait. Les avant-propos prennent leurs distances mais la captatio benevolentiae ressemble par trop à un constat d'échec.

Il devrait, tout d'abord, s'agir d'autre chose que d'un recueil d'iconographie privée (53 "gravures" sur 66 !). Le terme peut être ambigu: il ne signifie nullement que 53 vues sont inaccessibles, ignorées (inédites) ou uniques en leur genre. Et si le livre est un instrument de travail, pourquoi ne pas avoir retenu les oeuvres plus ou moins bien connues de Deventer, de Pasquier de le Barre, de Philippe de Hurges, des albums de Croy, du "Plan à vue d'oiseau du cours de l'Escaut dans la traverse de Tournay", de Sanderus, de Van der Meulen, du plan en relief... ?

Quelques points de détail à présent. P. 44, la belle enseigne a été mal lue: il y était inscrit "Hôtellerie du Cerf"; p. 48, les pignons sur rue n'ont pas toujours été rares à cet endroit: voir SOIL (R.-J.). L'habitation tournaisienne, p. 175, fig. 47 (la Grand'place vers 1610); p. 54, lire "Senefelder" et non "Senelferder"; p. 56, "constructions parasites "est peut être un peu fort: il "sent" le XIXe siècle et son goût prononcé pour les ensembles monumentaux et de prestige, au détriment de la construction modeste.

Pour compléter la bibliographie, on signalera: (1) DE SMET (A.) et alii. La cartographie hollandaise, Bruxelles, 1971, 83 p.; (2) les remarques de ARNOULD (M.-A,), in Bulletin d'information de la société royale d'histoire et d'archéologie de Tournai, 5e Année, n° 4, octobre 1981, p. 4; (3) FIERENS-GEVAERT (H.), Voyage inédit d'un artiste florentin du XVIIe siècle au beau pays de Flandre et de Walllonie, in Le Flambeau. Revue belge des questions politiques et littéraires, 6e année, t. I, n° 2 et 3, Bruxelles, 1923, pp. 201-219 et 326-342.

A toutes fins utiles, on indiquera que le Fonds A. Dejardin est conservé pour l'heure à la Bibliothèque centrale de la Ville de Liège "Les Chiroux", à la salle Ulysse Capitaine.

En terminant, nous mettrons à l'actif de cette publication la juxtaposition d'images qui permet et force même la comparaison, toujours utile. Aux pp. 18-21, il faut relever la première édition moderne (selon nous) complète du plan de Guicciardin (Tournai vers 1582 ?).

Christian Dury

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VERHAEGHE (F.)

Archaeology, natural Science and Technology: the European Situation.

A Survey prepared for the European Science Fondation

Strasbourg, R.S.F. (1, quai Lezay-Marnésia), 1979, 3 vol.

La Fondation Européenne de la Science (R.S.F.) a fait oeuvre utile et a eu la main heureuse en confiant a F. VERHAEGHE du F.N.R.S. un tour d'Europe des unités de recherche amenées à rendre de précieux services à l'archéologue en collaborant avec lui. C'est que pour parvenir aux fins qui sont les siennes, l'archéologie ne peut négliger aucun des instruments que le développement des sciences naturelles et des technologies met à son service".

Mais, dès lors, le danger est grand pour cette discipline de ne plus faire partie des sciences humaines... D'autant plus que le tout exige une infrastructure complexe aux coûts énormes, inhumaine ? La coopération s'imposait donc. L'enquêteur a visité tous les centres, instituts et laboratoires et les a incités à répondre à un questionnaire qui permettrait de déterminer la nature et l'ampleur des services qu'ils étaient en mesure de rendre à l'archéologie. Trois pays ne figurent pas dans l'inventaire: le Portugal, la Yougoslavie et la Turquie. L'accès à cette somme est facilité par un index géographique des instituts et laboratoires ainsi que par un index-sujets limité aux champs généraux d'activités des unités de recherches cités.

Indiquons les grands chapitres du questionnaire: prospection et examen archéologique (photographie aérienne, prospection géophysique et géochimique, photogrammétrie, archéomagnétisme, archéologie sous-marine); fouilles et étude des trouvailles (législation et sciences auxiliaires: sciences de la terre, analyse des matériaux, paléobotanique, archéozoologie, anthropologie physique, archéométrie); formation; documentation archéologique, banques de données, archives, publications; conservation.

Il s'agit bien entendu d'un instrument de travail incomparable que tout centre de recherches archéologiques se doit de posséder.

Christian Dury

CRUICKSHANK (C.)

Déception in World War II, 2e éd., Oxford University Press, 1981, 257 p. (Wallon Street, Oxford 0X2 6DP - 2.95 £ net in UK - Also available in hardback).

La définition de camouflage par l'auteur, à savoir l'art de tromper l'ennemi par une action ou une inaction en sorte que sa position stratégique ou tactique en sera affaiblie, ouvre un champ d'investigation tel qu'il n'a pu analyser que quelques aspects de cet art, en n'en effleurant de nombreux autres.

Le camouflage "anti-aérien" est principalement étudié: il vise soit à attirer les avions ennemis vers des cibles fictives (les détournant ainsi des véritables objectifs), soit à faire croire que des dégâts irréparables ont été commis sur d'autres objectifs trop difficiles à déplacer (par exemple: incendie volontaire d'une fausse extension des usines Vickers). L'auteur passe ainsi en revue les principaux événements du front européen: bataille d'Angleterre, débarquement en Afrique du Nord, débarquement en Normandie.

Le champ d'étude n'est pas suffisamment délimité en sorte qu'on ne voit pas bien, à la lecture, la différence entre camouflage d'une part et espionnage et intoxication d'autre part. C'est ainsi que l'auteur parle de fausses manSuvres diplomatiques, du rôle des agents doubles...

De nombreuses pistes sont ainsi ouvertes, mais qu'ont fait les allemands en cette matière, quid des Japonais et de la guerre dans le Pacifique ? Ce livre a le mérite de donner une vue d'ensemble du problème en collationnant diverses études déjà parues et en introduisant aux archives qui viennent d'être ouvertes, tout en traçant de nouvelles orientations de recherches.

Yves Tennstedt

BRULET (B.)

La fortification de Hauterecenne à Furfooz, in Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain, XIII, Louvain-la-Neuve, Institut supérieur d'archéologie et d'histoire de l'art, 1970, 106 p., 58 fig., ill., tableaux et cartes, 1 plan (Collège Erasme, Place Plaise Pascal, 1 à 1348 Louvain-la-Neuve - 300 Frs).

Ce bel ouvrage ne pourra laisser indifférents les amateurs d'archéologie en général et les passionnés d'histoire des complexes fortifiés en particulier.

L'auteur utilise avec art toutes les techniques de l'archéologue et de l'historien, les apports des sciences connexes - topographie et toponymie, numismatique et géographie mais aussi géologie (1) - et ce, avec abondant appoint de cartes, tableaux, graphiques, croquis, photos et vues aériennes.

R. Brulet introduit son sujet en précisant la situation topographique du site, le cadre historique - dès les époques paléo- et néolithiques (2) - ainsi que la chronologie et la nature des fouilles ,y effectuées.

Il décrit ensuite le site. L'étude physique permet de relever une caractéristique particulière - et rare à ma connaissance - du site de Furfooz: il s'agit d'un éperon barré inverse. La configuration du relief fait en effet en sorte que l'accès le plus aisé à la fortification se trouve du côté de la rivière qui la baigne, p. 7, fig. 1 et p. 19, fig. 9 (3). La description des organes de défense permet de distinguer deux ensembIes fortifiés. La défense du barrage (vers l'éperon) se compose d'un retranchement, d'un premier et d'un second mur de barrage. Celle des versants occidental et septentrional comprend une enceinte proprement dite, une porte fortifiée - donnant accès à des bains d'origine romaine - et une tour située au nord de l'ensemble. R. Brulet souligne la chronologie des différentes parties de ce complexe fortificatif. Il décrit ensuite l'aménagement intérieur ainsi que les vestiges localisés à l'extérieur de la forteresse (4).

L'étude du matériel archéologique est remarquable par son caractère complet, précis et fouillé. Il est cependant dommage que l'auteur semble ne s'adresser qu'à des archéologues déjà expérimentés. D'autres lecteurs apprécieraient certes la présence d'un glossaire explicatif pour les termes techniques peu connus (5).

R. Brulet établit ensuite la chronologie de l'occupation du site de Hauterecenne. Depuis les périodes ante-historiques, la vallée de la Lesse est fréquentée par l'homme. Les témoins matériels à Furfooz attestent avec certitude la présence humaine sur le promontoire dès la fin de l'époque Hallstatt ou le début de La Tène I. Le site ne sera définitivement abandonné qu 'après le XIIIe siècle. L'auteur détermine - ce qui est très intéressant - les périodes d'activité maximale dans la forteresse (6). Il établit de précieux tableaux chronologiques, mais - c'est regrettable - sans être assez précis quant aux dates de règne des souverains mentionnés (7).

Vient à présent la partie la plus précieuse et la plus intéressante de l'ouvrage: l'interprétation des données. Ici, R. Brulet rassemble avec talent la moisson de renseignements de toute nature qu'il a récoltés auparavant et nous livre une solide thèse sur l'histoire de l'occupation de Hauterecenne.

La fortification du bas empire romain comprend deux phases: avant et après 350 P.C.N. De cette époque datent essentiellement le premier mur de barrage et la nécropole. Les éléments de dotation sont précis et procèdent de nombreux parallèles. L'auteur précise la fonction et le caractère de la fortification de Hauterecenne à cette époque. Les ouvrages fortifiés se multiplient alors en territoire rural (8). Ils constituent un refuge pour la population civile et un cantonnement pour l'armée. Le site défensif de Furfooz s'inscrit dans une série de postes fortifiés contrôlés par l'administration centrale. Son rôle consista à loger de manière plus ou moins permanente un contingent militaire afin de garantir la sécurité de l'hinterland. Il témoigne ainsi du nouveau dispositif stratégique du bas empire (9). Telle est la fonction de Hauterecenne. Le caractère présenté par les occupants de la forteresse diffère au cours des deux périodes qui caractérisent son fonctionnement. Il s'agit tout d'abord de groupes d'hommes fort romanisés, peut-être des auxiliaires étrangers très évolués ou bien des prisonniers de guerre installés comme laeti. S'ensuit une interruption dans l'occupation du site, due aux invasions de 354-355. Enfin s'y installe une colonie germanique militarisée, mais intégrée dans le système défensif du nord de la Gaule: leur statut et leur niveau social diffère nettement de ceux de leurs prédécesseurs. R. Brulet fait preuve ici d'un esprit critique remarquable d'efficacité, qui met en lumière des éléments peu mis en valeur jusqu'ici (10).

Il poursuit son exposé en décrivant l'évolution de la forteresse au haut moyen âge. L'examen de la nécropole romano-germanique et du matériel archéologique y trouvé ne permet pas de préjuger de l'occupation du site au Ve siècle. Les périodes mérovingienne et carolingienne sont illustrées .par quelques documents matériels. L'on peut seulement conjecturer que Hauterecenne constitue alors un refuge momentané, occasionnel, tel que les Fluchtburgen.

La fortification du bas moyen âge se caractérise par l'érection de deux structures importantes en matériaux durs: la tour implantée sur le point culminant du site - elle relève de la première génération des châteaux de pierre (11) - et le second mur de barrage restauré, rehaussé et doté d'une courtine. Couplé à un retranchement situé sur l'éperon à 130 m de là, celui-ci constitue ainsi la bipartition logique des premières fortifications castrales: division en haute cour, curtis, et basse cour, curticula. La fonction jouée par la forteresse et le caractère de ses habitants à cette époque ne sont pas aisés à saisir. L'archéologie et les textes laissent supposer qu'elle s'inscrive tôt dans le bas moyen âge et que sa durée d'utilisation ait été fortement limitée dans le temps (12). L'auteur note avec bonheur le caractère probable de l'occupation de la tour d'habitation. Elle abrite au moins une famille (13). Sa destination d'ordre privé ne la soustrait pas à d'impératives nécessités en cas de conflit généralisé. D'ailleurs, la politique castrale de la principauté tend à promouvoir l'érection de points fortifiés, particulièrement aux frontières. Mais elle conserve avant tout un caractère seigneurial.

Etude solide et attrayante d'un site magnifique et intéressant à plus d'un titre, ce livre mérite à tout le moins d'être lu de manière approfondie. Les points faibles résident dans de petites imprécisions d'ordre chronologique et géographique (14). Peut-être le lecteur aurait-il apprécié la présence d'un glossaire des termes techniques peu usités en-dehors de la sphère d'intérêts des archéologues. L'ordre de présentation des figures par rapport au texte manque de rigueur. Mais quelles difficultés d'impression aurait-on dû surmonter pour être plus "exact" à ce point de vue ! Quant aux qualités de l'ouvrage, ce me sera un devoir bien agréable de les souligner à nouveau. Bibliographie très fournie dans des domaines fort variés, critique historique et techniques de nombreuses sciences connexes maniées de façon adéquate et érudite, utilisation et étude approfondies du matériel archéologique (15), et emploi de moyens d'illustration les plus divers et les plus efficaces, alliés à une connaissance certaine des complexes castraux antiques et médiévaux, font de cette étude un modèle en son genre. Sa lecture éclaire de nombreux domaines.

Marc Suttor

(1)      Cfr pp. 7 et 10. Retour au texte

(2)      C'est dire l'ancienneté de l'occupation du site de Hauterecenne. Cfr p. 10. Retour au texte

(3)      Cfr p. 17; fig. 1 p. 7 et fig. 9 p. 19; photos pp. 8-9 (fig. 2-4).et plan 1 hors-texte. L'auteur n'insiste peut-être pas assez sur le caractère rare d'une telle configuration topographique. Par contre, il précise fort à propos le contexte de découverte du matériel archéologique. Dans le cas de Furfooz, il en est souvent dissocié. Cela ne peut donc permettre que l'étude de la chronologie globale du site, d'autant que les investigations n'ont jamais fait l'objet de publication systématique (cfr pp. 17-18). Retour au texte

(4)      Notamment les thermes romains: cfr pp. 46-51. Retour au texte

(5)      Parmi de nombreux exemples, citons: terre sigillée, molette, ager, ressaut, estampilles de tuiliers, engobe, laborum, bord festonné, décor guilloché, ardillon, scramasaxe, etc. (passim). Retour au texte

(6)      Je renvoie aux notes critiques pertinentes des pp. 81-85 ainsi qu'aux très intéressants diagrammes de fréquence des monnaies (IVe siècle : fig. 53, p. 83 pour Furfooz; comparaison avec d'autres localités à la même époque: fig. 54, p. 84). Retour au texte

(7)      Tableau chronologique des monnaies p. 82. Cfr aussi pp. 26, 39, 44, 51, 81 n. 4. Mais ailleurs, R. Brulet se montre très précis dans ses datations (cfr pp. 39 et 41). Il dresse de plus de très intéressants croquis de l'évolution chronologique des constructions défensives sur le site (cfr fig. 55-56, pp. 88-89 et fig. 58. p. 97). Retour au texte

(8)      II est dommage que l'auteur ne précise pas la localisation des sites qu'il note comme exemples (cfr pp. 90 et 92; cfr aussi p. 95). Retour au texte

(9)      Cfr à ce sujet l'intéressante carte des postes fortifiés et du réseau routier au bas empire (fig. 57, p. 93). Retour au texte

(10)    Ils méconnaissent l'usage des thermes: ils ne maîtrisent plus la technique de construction antérieure; cfr p. 94. Pour l'état de la question sur les laeti, cfr p. 94 n. 7. Retour au texte

(11)    Telles les turris ou domus citées par Gilles d'Orval avant le milieu du XIIIe siècle. Ce sont des maisons fortes qui allient les concepts de défense et d'habitation (cfr p. 98). Retour au texte

(12)    II est possible que l'érection du proche château de Vèves (existence attestée dès 1285) ait provoqué la désaffection du site de Hauterecenne: cfr p. 99. Retour au texte

(13)    Sur la conception, la fonction et la vie de la familia à cette époque, je renvoie aux cours d'exercices dirigés par le professeur G. Duby au Séminaire de Moyen Age de l'Université de Liège en janvier 1976. Retour au texte

(14)    Cfr supra n. 7 et 8. Retour au texte

(15)    Cfr surtout les pp. 53-79. Retour au texte

IV Appel aux collaborateurs

Cet article nest pas repris car plus dactualité.

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V. En diversion ...

(2e Division, N° 23)

Bruxelles, le 14 août 1867

 

Circulaire relative à l'organisation des cours de chant que les Chefs de Corps voudraient instituer dans le Régiment sous leurs ordres.

 

LE MINISTRE DE LA GUERRE,

 

A tous les Chefs de Corps.

 

De tout temps on a apprécié dans l'armée l'influence que la culture de la musique vocale exerce sur le moral du soldat et plusieurs Chefs de Corps ont encouragé d'une manière particulière l'enseignement du chant, enseignement qui fait même partie du programme des études adopté pour l'école des enfants de troupe.

En recommandant cet intéressant objet à la sollicitude de messieurs les Chefs de Corps, j'ai l'honneur de leur faire connaître que monsieur GREGOIRE, compositeur de musique, à Anvers, s'est offert, de la manière la plus obligeante, de leur venir en aide pour l'organisation des cours de chant qu'ils voudraient instituer dans le Régiment sous leurs ordres.

Journal militaire officiel, t. 33, Bruxelles, 1867, pp. 335-6.

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Dernière mise à jour: 31 mai 2012